Comment apprenons-nous ?

Comment apprenons-nous ?

le fonctionnement de la capacité d'apprentissage du cerveau chez l'enfant

Un signe de jeunesse (qui n’a rien à voir avec l’âge) est directement lié à nos capacités d’adaptation. Ces capacités dépendent de notre capacité à apprendre. Alors comment apprenons-nous ? Regardons ensemble tout le processus. Trouvons ainsi des pistes pour apprivoiser cette belle mécanique qu’est l’apprentissage, et répondons à cette question de comment apprenons-nous. C’est un questionnement d’autant plus intéressant à l’heure de la démocratisation du machine learning. Je traite dans un autre article de la comparaison entre capacités d’apprentissages du robot et du cerveau humain.

Selon Stanislas Dehaene il existe quatre grandes étapes d’apprentissage qu’il appelle, lui, pilier. Comme je l’écrivais la semaine dernière, l’attention est le premier pilier. En effet, l’attention amplifie l’information sur laquelle nous nous focalisons.

  • Le second pilier est l’engagement actif : s’engager, explorer avec curiosité, faire des hypothèses et les tester. En effet, un organisme passif n’apprend pas.
  • Le troisième c’est le retour sur erreur qui compare nos anticipations et prédictions avec la réalité en corrigeant nos modèles ou paradigmes (c’est-à-dire notre vision du monde).
  • Le dernier c’est la consolidation qui automatise et fluidifie ce que nous apprenons notamment pendant que nous dormons.

Passons à une façon d’apprivoiser cette capacité d’apprentissage et pour cela quelques pistes pour répondre à la question comment apprenons-nous.

L’engagement actif

Il induit que l’on apprend bien que si on a un but clair à atteindre et que l’on adhère pleinement à cet objectif. Il faut donc entendre actif comme opposé de passif ou de distrait. Je parle souvent de la règle du « qui donne reçoit » car j’ai constaté depuis longtemps que ceux qui apprennent le plus sont ceux qui mettent le plus d’énergie dans leur coaching.

Connaître ses objectifs de travail, y réfléchir, y voir un intérêt, tenter des expériences, essayer de les analyser en autonomie. Ainsi, la première barrière à lever lorsque le coaching est prescrit : s’assurer que la motivation est suffisante sinon autant arrêter l’accompagnement. En 13 ans cela m’est arrivé seulement deux fois alors que j’ai accompagné plus de cinquante personnes en individuel.

Comment apprenons-nous selon cette méthode ? Je propose, de vous focaliser sur les points suivants si vous voulez vous engager activement dans un apprentissage que ce soit au travail ou dans votre vie personnelle :

  1. Se fixer un seul objectif à la fois, simple à mémoriser.
  2. Réfléchir aux bénéfices si vous y arrivez et aux risques si vous ne faites rien (il faut que cela pèse plus lourd dans la balance que les difficultés que vous anticipez à changer).
  3. Faire par soi-même plutôt que sous-traiter ; c’est en s’appropriant le contenu que l’on se met dans les meilleures conditions d’apprentissage. Il faut pouvoir se représenter ce qui doit changer dans sa façon de faire (avant / après). D’où le succès des vidéos dans le sport pour bien mesurer l’écart entre le geste à mettre en place et celui qui est pratiqué.
  4. Cultiver sa curiosité et sortir de sa zone de confort, oser, essayer, tenter. Sachant que cet appétit de savoir passe par le circuit de la dopamine : le simple fait de savoir que vous allez savoir excite vos circuits dopaminergiques et apporte sa propre récompense. Eviter le piège de l’habituation et de tout ce qui décourage la curiosité.

Le retour sur erreur

Se tromper c’est déjà apprendre, donc comment apprenons-nous de nos erreurs ? En effet, tout décalage entre notre prédiction et la réalité va constituer un signal d’erreur qui permet de corriger les représentations du monde. Alors comment apprenons-nous l’erreur en tant qu’adulte ? Adultes, il semblerait que l’on apprenne plus de ses erreurs que de ses réussites dans la mesure où on s’intéresse davantage à comprendre ce qui n’a pas fonctionné, chez les adolescents c’est le contraire. On peut vraiment dire qu’apprendre c’est réduire l’imprévisible.

Lorsque nous sommes surpris c’est le signe que nous pensions que cet événement avait une chance infime de se produire et donc que notre cerveau a fait un calcul de probabilité 

Stanislas Dehaene

Le circuit dans lequel s’inscrit les prédictions et les erreurs est celui de la dopamine. Le shoot de dopamine intervient au plus près du signal qui prédit la récompense.

Au quotidien, l’apprentissage suppose un retour sur erreur détaillé. Encore faut-il rassurer, entretenir la confiance c’est vrai dans l’éducation, c’est vrai aussi en management. On parle beaucoup du droit à l’erreur. Alors qu’en fait il faudrait s’intéresser aux raisonnements qui conduisent aux erreurs. Si on ne les change pas en profondeur, l’erreur va forcément se reproduire.

Au delà de l’erreur, toute la puissance du management réside donc dans la capacité à accompagner, et ce, quel que soit son niveau hiérarchique .Encore faut-il prendre le temps de comprendre et d’écouter le cheminement, les prédictions qui étaient faites pour éventuellement les remettre en cause.

La consolidation

Tout apprentissage suppose des efforts et de l’énergie. C’est petit à petit que l’apprentissage s’automatise jusqu’à devenir même inconscient, libérant ainsi les ressources pour d’autres tâches. La consolidation consiste à passer d’un traitement lent conscient avec effort à un fonctionnement rapide, inconscient et automatique.

C’est vrai dans les routines sportives mais aussi dans les routines managériales. Il faudrait régulièrement pouvoir s’entraîner sur ses gammes : écouter, exposer avec impact, décider, déléguer, faire un feedback, évaluer. Les enquêtes 360° permettent d’avoir un retour de perception de son entourage professionnel et ainsi de mesurer les éventuels écarts avec ce que l’on a l’impression de mettre en œuvre.

Comme un sportif de haut niveau il faudrait pouvoir se créer des terrains d’entraînement. Ainsi pour cette rentrée, je suggère à partir de cette semaine :

  • le lundi je réponds aux sollicitations de mes collaborateurs par une question d’investigation pour comprendre en détails le problème,
  • le mardi je m’entraîne à formuler en live une argumentation engageante à au moins 3 personnes.
  • le mercredi je me force à ne pas décider au seul énoncé du sujet pour récupérer un maximum d’options possibles.
  • le jeudi je m’entraîne à déléguer deux choses que je comptais faire moi-même (un dossier et une réunion par exemple) ce qui me permet également de travailler ma façon de formuler les demandes.
  • le vendredi je me focalise sur les feedbacks, mais comme l’art du feedback suppose tout un travail dans la durée, je m’engage chaque jour à faire au moins quatre feedbacks dont trois positifs et un constructif (pour tenir le seuil de Losada).

Verdict de comment apprenons-nous en bref ? Faisons preuve d’imagination et de créativité pour travailler nos comportements dans une logique de consolidation de nos savoirs-faire et d’extension des possibles.

Si le coeur vous en dit, commentez avec votre dernier apprentissage.

Cet article est inspiré de mes lectures estivales, et notamment de Apprendre, Stanislas Dehaene, 3ème partie pages 207 à 310

A lire ou à relire : mes articles https://human-transfo.com/attention-mesdames-et-messieurs-ca-va-commencer/ sur l'attention et https://human-transfo.com/restez-ouvert-aux-curieux/sur la curiosité

Pour en savoir plus sur le ratio de Losada https://www.mieux-apprendre.com/blog/2018/09/28/le-ratio-losada-les-francais-champions-du-monde-de-la-negativite/

Crédit Photo : Gustavo Fring sur Pexels

2 Commentaires

  1. […] ou parler avec le passager en même temps qu’on exécute les différents gestes. Cette capacité d’apprentissage du cerveau est traitée dans un autre […]

  2. […] Ce que nous appelons curiosité est donc source de bien-être, permet d’organiser l’information et aussi de comprendre comment les concepts et les choses sont liés entre eux afin de mieux les mémoriser car ils font l’objet de toute notre attention. Elle est au coeur de l’apprentissage. […]

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